Tour des Milices

Rome a aussi sa tour penchée, il suffit de la regarder de loin pour remarquer son inclinaison: située à l'extrémité ouest du Quirinal et haute d'environ 50 mètres, c'est la tour noble la plus imposante qui soit venue à nos jours et qui a dû faire partie de l'un des grands ensembles fortifiés de la Rome médiévale que les guides de l'époque qualifient de " fer et tourelle".

Son nom dérive peut-être d'une ancienne colonie militaire, un fort utilisé comme siège des milices Tiberinae, régiments barbares ainsi appelés par l'empereur d'Orient Tibère Constantin, ou constitués de milices urbaines à défendre en 578 après JC. la ville contre les Longobards. La légende relie la tour au souvenir de Néron et de l'incendie qui a détruit Rome, dont l'empereur aurait été témoin d'ici, mais sa construction remonte probablement au début du XIIIe siècle par les Comtes de Segni. 

Sa propriété passa ensuite à d'autres grandes familles romaines, aux Annibaldi, aux Préfets de Vico, à Bonifacio VIII Caetani, qui en firent un rempart défensif contre les Colonna qui contrôlaient tout le Quirinal, pour revenir à nouveau aux Comtes jusqu'au XVIIe siècle. Incorporée par la suite au monastère de Santa Caterina da Siena à Magnanapoli, la tour a été isolée après 1910 et fait aujourd'hui partie d'un seul complexe avec les Marchés de Trajan dont elle tire son accès et qui caractérise son profil.

De plan carré, elle est composé de trois corps "télescopiques" superposés, c'est-à-dire avec un effilement progressif vers le haut. Le tremblement de terre de 1348, qui a également réduit la Torre de' Conti voisine à presque une ruine, a provoqué la chute du troisième étage (maintenant réduit à un tronçon) et un affaissement du sol qui a déclenché le lent et inexorable processus d'inclinaison de la tour.